SI NOUS DEVONS VOTER UN TEXTE SUR L’IMMIGRATION, CE SERA LE NÔTRE.

Interview au Figaro le 5 octobre.

Quelle est la situation de l’immigration et quel est le bilan d’Emmanuel Macron sur ce point ?
Aujourd’hui, on vit un véritable chaos migratoire. Le bilan d’Emmanuel Macron est mauvais puisque la France accueille chaque année près d’un demi-million d’immigrés légaux, sans compter les clandestins. Pourtant, ces chocs migratoires ne sont que les prémices de secousses beaucoup plus violentes. Ce chaos mène au désordre, à l’insécurité et à la partition. D’où la nécessité de reprendre au plus vite le contrôle alors que partout les gouvernements durcissent leurs législations. Olaf Scholz vient de déclarer: «Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne.» C’est un revirement complet. Aux États-Unis, Joe Biden a décidé de poursuivre la construction très décriée du mur à la frontière mexicaine, lancée par Donald Trump. La France, elle, reste le pays d’Europe où les pompes aspirantes sont les plus avantageuses. Regroupement familial, droit d’asile, accès gratuit aux soins, naturalisation… Autant de signaux adressés aux filières mafieuses pratiquant la traite d’êtres humains. Nous n’avons pas le droit de nous dissimuler derrière une fausse générosité qui sert les intérêts d’une vraie criminalité.

Le contexte international depuis les attaques du Hamas en Israël doit-il influencer ce texte ?
Ce contexte-là nous oblige à durcir notre législation pour protéger les Français. Les manifestations propalestiniennes le prouvent: à travers l’immigration massive, nous avons importé en Occident les conflits et la haine qui traversent l’Orient. Le référendum sur l’immigration est une nécessité à la fois démocratique et juridique. Démocratique, car aucun phénomène n’a autant bouleversé la société française et, pourtant, jamais les Français n’ont eu leur mot à dire sur ce sujet. Juridique, parce qu’il faut mettre un terme aux dérives jurisprudentielles qui nous empêchent notamment d’expulser. La CEDH, par exemple, proscrit l’expulsion d’un étranger dangereux quand il n’a pas la garantie d’un procès équitable dans son pays d’origine. Le logiciel de ces Cours suprêmes, c’est de conférer à tout migrant un droit opposable à être admis dans le pays de son choix. Pour nous, ce droit n’existe pas. Ce qui existe, en revanche, c’est le droit de chaque peuple à décider qui il veut accueillir ou non. Or aujourd’hui, on entre en France par effraction. Pour garantir ce droit souverain, nous avons besoin que s’exprime la souveraineté populaire: aux pouvoirs que se sont arrogé certains juges, nous devons opposer un pouvoir supérieur, celui du peuple, par le référendum. Le recours au référendum est un impératif pour le renouveau de notre vie démocratique. Cela suppose d’en élargir les champs. Les questions de société évoquées par l’Élysée ne me paraissent pas suffisantes. Il n’est pas du tout évident d’y faire entrer un référendum sur l’immigration! Cela reviendrait à laisser au Conseil constitutionnel le soin d’en préciser la portée.

Les LR poseront-ils leur proposition de loi constitutionnelle le 12 décembre comme un préalable incontournable?
Non. Car nous ne serions pas responsables si, par principe, nous refusions d’examiner un projet de loi qui nous est soumis ; d’autant plus que, ayant la majorité au Sénat, nous voulons le durcir considérablement.

Sur l’article 3, les sénateurs LR et UC sont en désaccord. Votre allié Hervé Marseille y est plutôt favorable…
D’abord j’observe qu’avec les centristes, nous sommes d’accord sur beaucoup de mesures, comme la fin de l’AME (aide médicale d’État). On butte, c’est vrai, sur l’article 3. Nous en avons fait une ligne rouge quand Hervé Marseille défend désormais un amendement qui renvoie à la circulaire Valls sur la régularisation des clandestins qui travaillent.

N’était-ce pas une solution: le durcissement de la circulaire Valls contre l’absence de l’article 3 ?
Sauf que l’amendement en question va dans le sens d’un assouplissement des critères de régularisation et nous, nous souhaitons les renforcer. Ce n’est pas la première fois que nous avons des avis divergents avec nos partenaires centristes. J’espère que nous arriverons à trouver des voies de convergence. Mais on ne peut pas atténuer les conditions requises pour régulariser les clandestins qui travaillent. Je porterai personnellement un amendement de suppression de l’article 3. Je souhaite vraiment qu’il soit adopté car si cet article demeure, il serait pour nous impossible de voter un texte laxiste et nous voterions contre.

Que dites-vous aux sénateurs LR qui craignent un travail gâché pour la droite en cas de rejet de ce texte ?
Toutes nos avancées seraient ruinées si la loi ouvrait une possibilité de régularisation massive. Il faut comprendre que pour les Français, la coupe est pleine. Nous ne serons ni dans la posture de ceux qui se contentent de slogans, ni dans l’imposture de ceux qui se contentent de faux-semblants. Pour être utile, ce texte doit être très ferme, c’est le sens de nos vingt-deux amendements. C’est à cette condition que nous pourrions le voter.

Êtes-vous aligné sur Olivier Marleix, président des LR à l’Assemblée, qui voit un risque politique à soutenir une telle réforme avant les européennes ?
La seule question, c’est l’intérêt supérieur de la nation. Ce que nous proposons de faire au Sénat, jamais personne ne l’a fait. Si nous y parvenons, si nous arrivons à faire passer nos convictions, au nom de quel calcul politicien pourrions-nous nous y opposer? Olivier Marleix et moi ne sommes pas dans la même situation: je préside le premier groupe parlementaire du Sénat, où la droite et le centre sont majoritaires. Par conséquent, si nous devons voter un texte sur l’immigration, ce sera le nôtre et non celui de Gérald Darmanin.

Les Républicains brandissent la menace d’une motion de censure mais le PS ne la soutiendra pas. Ne surestimez-vous pas votre poids à l’Assemblée ?
Éric Ciotti et Olivier Marleix ont raison. Si l’Assemblée défaisait le texte qu’auraient voté les LR au Sénat, une motion de censure s’imposerait. C’est une arme constitutionnelle et je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas l’utiliser sur un sujet aussi essentiel.